Le rayonnement du relais 4x100 m, dès 2011, a donné des ailes à l’ensemble de l’athlétisme suisse féminin. Aujourd’hui, les Suissesses sont deux à trois fois plus nombreuses que leurs collègues masculins au plus haut niveau, et aussi plus compétitives.
Le phénomène ne fait que s’accentuer. Alors que les trois décennies précédentes, l’athlétisme helvétique avait surtout été marqué par les exploits des André Bucher, Werner Günthör, Markus Ryffel et autre Viktor Röthlin, les femmes ont pris le relais.
Aujourd’hui, les espoirs de finale dans les grandes compétitions planétaires (Mondiaux, JO) reposent quasi exclusivement sur les Suissesses. Que ce soit avec les relayeuses du 4 x 100m, auteures début juin à Genève du meilleur chrono mondial de l’année (42’’42), Mujinga Kambundji (100 et 200 m), Angelica Moser (perche), Ajla Del Ponte et Lea Sprunger, la colonne vertébrale féminine est solide. D’autant que de nouvelles venues se profilent, comme Salomé Lang, qui vient de battre à deux reprises un record national de la hauteur qui tenait depuis un quart de siècle (le portant à 1m97 aux Championnats de Suisse de Langenthal à fin juin), ou Ditaji Kambundji (19 ans) sur 100 m haies.
Egalité
Il est tentant de voir dans cette montée en puissance féminine un parallèle avec l’évolution de la société. Du reste, le phénomène s’observe dans d’autres sports : l’année 2021 a déjà été marquée par les exploits d’une Corinne Suter et d’une Lara Gut-Behrami en ski alpin (trois titres mondiaux à elles deux), de Jeannine Gmelin en aviron, nouvelle étoile du skiff, sans compter les confirmations de Nicola Spirig (triathlon), Giulia Steingruber (gymnastique artistique), Fanny Smith (gagnante de la Coupe du monde de skicross) ou encore Nadine Fähndrich (ski de fond) et les beachvolleyeuses. Toutes s’apprêtent à jouer les premiers rôles aux prochains JO d’été dès fin août à Tokyo et d’hiver en 2022 à Pékin.
En athlétisme, d’une façon générale et en Suisse en particulier, la percée des femmes est favorisée aussi par le fait qu’elles sont considérées et rémunérées sensiblement à l’égal des hommes, contrairement à de nombreux autres sports.
Le dernier Championnat d’Europe par équipes de 2e division, les 21 et 22 juin à Cluj-Napoca en Roumanie, a été des plus éloquents : les Suissesses y ont décroché huit podiums, dont cinq victoires (Salome Lang/hauteur), Angelica Moser/perche), Salomé Kora (100 m), Fabienne Schlumpf (5000 m), Lore Hoffmann/800 m), contre trois podiums dont 0 victoire pour les hommes.
Cependant, les progrès d’un Jason Joseph (110 m haies), Silvan Wicki (sprint), Loïc Gasch (hauteur), Ricky Petrucciani (400 m) ou Simon Ehammer (décathlon) démontrent le potentiel de la relève masculine, même s’il faudra attendre pour qu’elle puisse jouer les podiums.
Athletissima, avec son avant-programme étoffé qui fera la part belle aux athlètes suisses en devenir le 26 août, servira comme prochain révélateur des forces en présence.
O.P.