Tout est en place pour un grand spectacle
Avec près de vingt champions olympiques en lice (individuels et relais), la 46e édition d’Athletissima promet des étincelles jeudi à la Pontaise. Des chocs au sommet à foison, des tentatives de record, des Suisses très compétitifs et un stade plein : tout est réuni pour une soirée mémorable.
Le 100 m féminin, à 21h07, s’annonce comme le clou de cette 9e étape de la Wanda Diamond League (WDL). Sept des huit finalistes olympiques seront au départ. « La piste de Lausanne est rapide », s’est réjouie Shelly-Ann Fraser-Pryce, vice-championne olympique de la distance, mercredi devant les médias. Au point d’enregistrer une nouvelle performance historique, cinq jours après le meeting de Eugene lors duquel Elaine Thompson-Herah a fusé en 10’’54, à 5 centièmes du record du monde de Florence Griffith-Joyner ?
« Le record est désormais à ma portée », a confirmé la Jamaïcaine. La question est de savoir quand il pourrait tomber. Pas forcément ce jeudi, ce serait une surprise de taille. Mais il faut s’attendre à des chronos canon de la part du trio jamaïcain Fraser-Pryce, Herah-Thompson et Shericka Jackson (3e à Tokyo). Dans leur sillage, pour le moins, l’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou, 4e au Japon, et les Suissesses Ajla del Ponte et Mujinga Kambundji, 5e et 6e au JO, veulent profiter de l’appui du public pour lâcher les chevaux.
L’attraction Warholm
Quelque 12'500 des 12'900 places disponibles avaient trouvé preneur mercredi. L’ambiance s’annonce chaude dès 19h54, avec un 400 m hommes qui permettra de voir à l’œuvre le « phénomène » norvégien Karsten Warholm, auteur d’une des plus grandes courses de l’histoire de l’athlétisme à Tokyo avec son record du monde du 400 m haies en 45’’94. Le sympathique et volubile « Viking » s’est dit curieux de voir ce qu’il vaut sur le plat. Le « vieux » record d’Europe de Thomas Schönlebe (44’’33 en 1987) sera plus que jamais en danger. Le Tessinois Ricky Petrucciani sera l’atout suisse et a les armes pour battre le record national de Mathias Rusterholz (44’’99).
Autre point fort parmi les points forts, la perche offrira l’opportunité à Armand Duplantis de passer pour la 27e fois de sa carrière les 6m ou plus. L’an dernier, seule l’obscurité avait stoppé le champion olympique suédois dans son ascension (6m07 lors du City Event). L’Américain Sam Kendricks, comme il aime à la dire, était alors devenu le « meilleur perdant de l’histoire » avec ses 6m02 qui ne lui ont valu alors que la 2e place. L’Américain, exclu des JO pour cause de Covid, aura soif de revanche.
Le 3000 m hommes permettra d’admirer la nouvelle technologie du wavelight, ou lièvre lumineux, à même d’emmener le champion olympique du 1500 Jakob Ingebrigtsen dans les eaux du record d’Europe de Mohammed Mourhit, vieux de plus de 20 ans (7’26’’62). Mais l’Ethiopien Selemon Barega, sacré sur 10'000 m à Tokyo, constituera un adversaire redoutable.
Yulimar Rojas, au triple saut, devrait déployer ses immenses jambes bien au-delà des 15 m. A Tokyo, la Vénézuélienne avait établi un nouveau record du monde avec 15m67. Sa conférence de presse, mercredi, a montré qu’elle n’était pas rassasiée.
Lea Sprunger face à deux fusées
Le 400 m haies féminin risque d’affoler l’applaudimètre. Pour l’antépénultième course de sa carrière, dans son stade favori, Lea Sprunger pourrait s’approcher de son record de Suisse (54’’06). Depuis l’annonce de son retrait de la compétition en fin d’année, la Suissesse, championne d’Europe en titre, court libérée. La concurrence sera au top : Dalilah Muhammad (USA) n’est autre que la deuxième athlète la plus rapide de l’histoire (51’’58), et la Néerlandaise Femke Bol la troisième plus rapide (52’’03).
Le concours du poids masculin verra dans l’aire de lancer les trois médaillés de Tokyo, dans l’ordre Ryan Crouser (USA), Joe Kovacs (USA) et Tomas Walsh (NZL). Crouser, recordman du monde avec 23m37, se montre régulier au-delà des 23 m. Avec le « Final Three », qui départagera les trois premiers après cinq essais sur la base d’une sixième tentative finale et décisive, l’épreuve s’annonce indécise jusqu’au bout.
De retour de blessure, l’Allemand Johannes Vetter partira favori du concours du javelot, tout comme Mariya Lasitskene à la hauteur. La Russe qui concourt sous pavillon neutre n’a pas dévoilé ses cartes ni ses ambitions, mais son titre olympique parle pour elle. Elle retrouvera ses dauphines de Tokyo, l’Australienne Nicola McDermott (médaillée d’argent), et l’Ukrainienne Yaroslava Mahuchickh (bronze) pour une épreuve qui fait toujours partie des favorites du public de la Pontaise.
Les Kényans partiront avec les faveurs de la cote sur 800 m, avec la présence des deux premiers de Tokyo, Emmanuel Korir et Ferguson Rotich. Mais gare au finish du Polonais Patryk Dobek, médaillé de bronze aux JO, et aux Anglo-Saxons emmenés par Clayton Murphy (USA) et Peter Bol (AUS).
Un relais « bouillant »
Sur 200 m, le « fameux » virage de la Pontaise devrait porter le champion olympique du 400 m Steven Gardiner (BAH) et les Américains Kenneth Bednarek et Fred Kerley proches des « sommets chronométriques », tandis que le 1500 m et la longueur femmes s’annoncent très ouverts.
Le public suisse aura encore l’occasion de s’enflammer sur 110 m haies, où Jason Joseph, détenteur du meilleur temps européen de la saison (13’’12), a les moyens de décrocher le premier podium suisse individuel à Lausanne depuis la 2e place de Lea Sprunger en 2017 sur 400 m haies. Champion olympique en titre, le Jamaïcain Hansle Parchment sera cependant difficile à battre.
Comme d’habitude depuis une dizaine d’années, le 4x100 m féminin constituera le bouquet final. Le quatuor suisse Riccarda Dietsche, Ajla Del Ponte, Mujinga Kambundji et Salomé Kora rêve d’agrémenter la victoire attendue d’un nouveau record de Suisse (l’actuel est à 42’’05).